Sois le changement que tu veux voir dans le monde
Gandhi
L'innovation anime et transforme nos sociétés depuis leur création. Celle-ci peut être à la fois cognitive (elle fait évoluer les savoirs et la connaissance) ou bien sociale, c'est-à-dire qu'elle va influencer et modifier les fondements de notre société. Ce phénomène complexe amène l'organe sociétal à constamment se remettre en question au niveau de son organisation et de ses savoirs, et à évoluer pour tendre vers un monde plus éclairé et moins replié sur lui-même. Un exemple parfait d'innovation sociale majeure dans notre monde est Gandhi, qui a très bien démontré que la non-violence pouvait venir à bout de l'oppression colonialiste et de la prise de pouvoir par la force.
Mais qu'est-ce qui explique ce processus complexe? Comment un système ancré dans ses croyances et ses préjugés peut-il changer et abandonner ses anciennes convictions pour en adopter de nouvelles qui souvent bouleversent considérablement et en profondeur son fonctionnement?
Nous allons étudier quel facteur psycho-sociologique majeur intervient dans ce processus. Ce même facteur qui façonne notre monde en perpétuelle évolution et changement depuis la nuit des temps.
Celui-ci a été mis en évidence à la fin des années 70 par Serge Moscovici, psychosociologue roumain né en 1925 et Claude Faucheux. Par une étude approfondie, ils tentent d'expliquer les exemples typiques d'innovation ayant marqué notre monde comme l'influence de Galilée, de Copernic ou encore la révolution inaugurée par le mouvement féministe sur notre monde. Il parvient ainsi à mettre en évidence un phénomène qui semble être à l'origine de la plupart des innovations.
Ce phénomène, qu'ils nomment "influence minoritaire", présente les caractéristiques suivantes : un individu ou un groupe d'individu, évoluant dans une société gouvernée par un courant de pensée unique et bénéficiant de l'appui et du poids de la majorité des individus (cas typique de nos sociétés dites "de masse") va s'affirmer au sein de la majorité pour s'opposer à celle-ci et revendiquer ses différences ou ses opinions divergentes. Elle va donc constituer une minorité "contre-normative" (qui s'oppose aux normes sociales établies) active et affirmée.
Pour être efficace, cette opposition doit être bien ordonnée : elle doit être constante et "diachronique" (à travers le temps) dans les idées qu'elle défend afin de conserver sa crédibilité vis-à-vis de l'opinion publique, "nomique" (le discours qu'elle prononce doit être clairement défini et différent du discours majoritaire), être visible afin de pouvoir être entendue de tous et autonome (doit réellement laisser transparaître son indépendance vis-à-vis du mouvement dominant). Enfin, elle ne doit surtout paraître trop "rigide" pour ne pas donner l'image à la société d'un mouvement minoritaire refusant tout dialogue en contradiction avec ses idées.
Cette discordance va entraîner naturellement la naissance d'un conflit au sein de la société. Le conflit va générer le débat (de par la captation et la réaction des individus sur le sujet abordé), et le débat va engendrer la prise de conscience et le changement progressif. Nous voyons donc que le conflit n'est pas forcément quelque chose de négatif (comme on nous l'enseigne pourtant dès notre plus jeune âge) et est même souvent indispensable, pour peu qu'il reste dans le cadre d'un affrontement argumentatif et idéologique et ne dégénère pas en conflit physique. Il est donc nécessaire à toute société afin que celle-ci ne sombre pas dans un immobilisme latent et qu'elle n'empêche toute connaissance ou pensée préétablie d'évoluer et acquérir de la valeur et de la richesse d'un point de vue psycho-cognitif.
Mais qu'est-ce qui explique ce processus complexe? Comment un système ancré dans ses croyances et ses préjugés peut-il changer et abandonner ses anciennes convictions pour en adopter de nouvelles qui souvent bouleversent considérablement et en profondeur son fonctionnement?
Nous allons étudier quel facteur psycho-sociologique majeur intervient dans ce processus. Ce même facteur qui façonne notre monde en perpétuelle évolution et changement depuis la nuit des temps.
Celui-ci a été mis en évidence à la fin des années 70 par Serge Moscovici, psychosociologue roumain né en 1925 et Claude Faucheux. Par une étude approfondie, ils tentent d'expliquer les exemples typiques d'innovation ayant marqué notre monde comme l'influence de Galilée, de Copernic ou encore la révolution inaugurée par le mouvement féministe sur notre monde. Il parvient ainsi à mettre en évidence un phénomène qui semble être à l'origine de la plupart des innovations.
Ce phénomène, qu'ils nomment "influence minoritaire", présente les caractéristiques suivantes : un individu ou un groupe d'individu, évoluant dans une société gouvernée par un courant de pensée unique et bénéficiant de l'appui et du poids de la majorité des individus (cas typique de nos sociétés dites "de masse") va s'affirmer au sein de la majorité pour s'opposer à celle-ci et revendiquer ses différences ou ses opinions divergentes. Elle va donc constituer une minorité "contre-normative" (qui s'oppose aux normes sociales établies) active et affirmée.
Pour être efficace, cette opposition doit être bien ordonnée : elle doit être constante et "diachronique" (à travers le temps) dans les idées qu'elle défend afin de conserver sa crédibilité vis-à-vis de l'opinion publique, "nomique" (le discours qu'elle prononce doit être clairement défini et différent du discours majoritaire), être visible afin de pouvoir être entendue de tous et autonome (doit réellement laisser transparaître son indépendance vis-à-vis du mouvement dominant). Enfin, elle ne doit surtout paraître trop "rigide" pour ne pas donner l'image à la société d'un mouvement minoritaire refusant tout dialogue en contradiction avec ses idées.
Cette discordance va entraîner naturellement la naissance d'un conflit au sein de la société. Le conflit va générer le débat (de par la captation et la réaction des individus sur le sujet abordé), et le débat va engendrer la prise de conscience et le changement progressif. Nous voyons donc que le conflit n'est pas forcément quelque chose de négatif (comme on nous l'enseigne pourtant dès notre plus jeune âge) et est même souvent indispensable, pour peu qu'il reste dans le cadre d'un affrontement argumentatif et idéologique et ne dégénère pas en conflit physique. Il est donc nécessaire à toute société afin que celle-ci ne sombre pas dans un immobilisme latent et qu'elle n'empêche toute connaissance ou pensée préétablie d'évoluer et acquérir de la valeur et de la richesse d'un point de vue psycho-cognitif.
Ne doutez jamais qu'un petit groupe de citoyens réfléchis et engagés peut changer le monde. En effet, c'est la seule chose qui l'ai jamais fait.
Margareth Mead
L'innovation dépend donc véritablement de la cohérence et de la consistance de la minorité qui cherche à exercer une force d'influence voire de changement dans la société.
Nous pouvons voir que la minorité dans une société n'est pas toujours écrasée. Bien que la majorité possède une influence directe et immédiate sur la masse, elle peut très bien être remise en cause et perdre sa légitimité pour peu que la force d'opposition respecte les règles décrites précédemment. L'innovation psychologique et sociale est absolument indispensable dans toute société. Il est extrêmement sain de constamment remettre en question le fonctionnement de notre environnement et chercher à améliorer sans cesse l'organe sociétal afin qu'il puisse s'adapter à notre monde en évolution permanente.
Toute grande vérité passe par trois phases : elle est d’abord ridiculisée, puis violemment combattue, avant d’être acceptée comme une évidence.
Schopenhauer